•  Toujours le hasard.
    Alors que je dérivais sur le net, je suis tombée sur ce texte.
    Sombre, il nous plonge dans les pensées d'un personnage torturé.
    Ce n'est que le début du texte que j'affiche là, pour lire la suite, cliquez
    ICI .


     

    Extrait: Les larmes du désir



    "
    Serai-je un jour assez belle pour me refléter dans les larmes du désir ?



    Les doigts valsaient dans les cheveux, étreignaient les mèches auburn. Le mouvement se faisait plus présent, et le geste plus appuyé. L'invitait à s'immerger dans un univers sensoriel, dont elle ignorait tout. Tumulte. Ravissement. Et, à fleur de peau, le sentiment d'être à la frontière indéfinie de sa féminitude. Irrévélée. L'impression d'être enfin belle dans le regard de l'autre.



    Mais Sandro ne la voyait pas. Pas vraiment.



    Demeurait concentré sur la texture.



    Elle leva les yeux, chercha les siens et, ne les trouvant pas, se cogna à ses mains. Un va-et-vient voluptueux, entre danse et sculpture, destiné à faire émerger la beauté d'une matière encore brute et informe.



    Des mains faites pour aimer.



    Qu'elle imagina s'emparer de son corps et lui redonner vie, jusqu'à la jouissance. Un désir dont la violence la heurta. Lui coupa le souffle. À lui en faire baisser les yeux ; puis, les relever.



    Soucieux.



    À l'affût des autres.



    De ces soupirantes et jacassantes qui, impudiques, s'admiraient et se laissaient envoûter par d'autres doigts, aussi habiles que sensuels.



    Qu'est-ce que la beauté ?



    Une invention des humains qui se rêvèrent des dieux, rugit-elle.



    Tout en-dedans.



    Dans cet intime où personne ne se rendait jamais. Où personne ne songeait à faire halte.



    La beauté ? Un meurtre prémédité déguisé en sélection naturelle !



    La bouche amère, elle observait une tache dans le miroir.



    Monstrueuse.



    Son reflet.



    Insoutenable.



    Ne vit plus alors que le monstre en elle, qui tentait de déborder des contours de la glace, désireux de s'échapper pour ré-incorporer l'unique corps capable de soutenir sa disgrâce.



    Le mien.



    Elle le savait.



    À peine posés, les regards se détournaient d'elle, repartaient vers un ailleurs qu'elle devinait paradisiaque. Tandis que la mémoire du miroir, elle, conserverait son souvenir. Un instant pourtant d'ores et déjà révolu.



    La réfléchissait à nouveau.



    Obscène.



    Difforme.



    Et, néanmoins, transparente aux yeux des hommes.



    Inexistante.



    Elle se sentit mourir.



    S'écraser à l'intérieur de cette chair qui, bien que sienne, n'en était pas moins perçue comme étrangère.



    Battant des cils, elle s'écarta de la surface polie où s'étaient contemplées tant de figures de femmes, qui l'amoindrissaient encore. Toujours plus. Un besoin irrépressible de leur refaire le portrait de la pointe d'un couteau la submergea. Tout aussi impérieux fut le désir de les effacer une à une et, si possible, d'en profiter pour leur dérober ce qu'elle ne possédait pas.



    Elle intercepta l'image d'un jeune homme. En pleine mutation. Docilement radieux sous les doigts experts d'une brune, avenante et rieuse.



    Libre dans son corps.



    Indécente !



    Irritante, l'envie lui assécha la bouche.



    Fielleuse, elle se propagea à tout le derme. S'interdisant de se gratter les bras, jalouse, elle se figea ; meurtrie, elle s'enfonça dans son siège.



    Pourquoi n'avait-elle pas reçu, en guise de cadeau de bienvenue, une jolie silhouette dotée d'un visage rayonnant ? Mais avait hérité de la lourdeur paternelle, des plis et replis adipeux de l'obèse, et de ce ridicule faciès poupin qui ne seyait pas à une femme de trente ans ?



    Qui, la faisant brutalement régresser aux premières loges de sa maudite vie de fille, la renvoyait dans les jupes soyeuses de sa mère. Durant toute son enfance, cette dernière n'avait eu de cesse de lui vanter la générosité des fées-marraines. À se demander ce que ces garces fabriquaient à l'heure de sa naissance ! Sans doute avaient-elle eu mieux à faire ce jour-là. Avec une plus belle qu'elle.



    Qui croire, après ça ?  [...]
    "



        Lalie Walker
    Lien :
    http://www.larevuedesressources.org/article.php3?id_article=707


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  •            Voodoo Girl
     

         Her skin is white cloth,
         and she's all sewn apart
         and she has many colored pins
         sticking out of her heart.

         She has a beautiful set
         of hypno-disk eyes,
         the ones that she uses
         to hypnotize guys.
        
        
    She has many different zombies
         who are deeply in her trance.
         She even has a zombie
         who was originally from France.

        
    But she knows she has a curse on her,
         a curse she cannot win.
         For if someone gets
         too close to her,

     
    the pins stick farther in.




                                    








    Textes et illustrations de Tim Burton.
    "La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires", 1997
    Traduction ICI


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  • Colombine    


        Léandre le sot,
        Pierrot qui d'un saut
        De puce
        Franchit le buisson,
        Cassandre sous son
        Capuce,

        Arlequin aussi,
        Cet aigrefin si
        Fantasque
        Aux costumes fous,
        Ses yeux luisant sous
        Son masque,

        - Do, mi, sol, mi, fa, -
        Tout ce monde va,
        Rit, chante
        Et danse devant
        Une belle enfant
        Méchante

        Dont les yeux pervers
        Comme les yeux verts
        Des chattes
        Gardent ses appas
        Et disent : " À bas
        Les pattes ! "

        - Eux ils vont toujours ! -
        Fatidique cours
        Des astres,
        Oh ! dis-moi vers quels
        Mornes ou cruels
        Désastres

        L'implacable enfant,
        Preste et relevant
        Ses jupes,
        La rose au chapeau,
        Conduit son troupeau
        De dupes ?


                                                Verlaine


     


                                       


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  •  

    Lorsque j'étais une oeuvre d'art
    de Eric-Emmanuel SCHMITT


    Un jeune homme désespéré et un artiste excentrique signent un pacte diabolique. Variations sur un mythe éternel


    Les pactes avec le diable ont toujours séduit les écrivains: donne-moi ton âme et je t'offrirai ce que tu désires, gloire, amour ou éternité... Bien avant Goethe ou Lenau, le mythe de Faust a tourmenté les poètes et les romanciers, et il existe, aujourd'hui encore, d'habiles littérateurs de corde pour lui donner une nouvelle jeunesse. Eric-Emmanuel Schmitt joue depuis toujours avec les mythes fondateurs: que ce soit au théâtre ou dans ses romans, il les triture, les dépouille, les relooke, puis les tend à ses contemporains comme une série de miroirs, à peine déformants, où l'on voit avec un frisson d'horreur se refléter des démons que l'on croyait disparus.


    Mais, si Méphistophélès devait choisir sa victime à l'aube du XXIe siècle, il arracherait au suicide un jeune homme au physique ingrat accablé par le sentiment de ne pas se retrouver là où le discours de l'époque exige que l'on se tienne: dans les apparences. Il opérerait alors sous les traits de ce que l'époque a consacré: un artiste extravagant et bouffon dont les sculptures sur paille, peintures sur savon noir et autres gribouillis délirants rapportent en un jour le salaire à vie d'un professeur.


    Que faire, donc, lorsque l'on est conscient d'être laid, bête et malchanceux? Offrir son corps à Zeus-Peter Lama, cet artiste génial, bien sûr! Et voici notre désespéré qui signe avec son bienfaiteur un pacte par lequel il renonce à la vie et se laisse métamorphoser... en œuvre d'art. De sujet, le malheureux devient objet. Sa cote s'envole. On l'expose dans les endroits les plus branchés du globe. Jusqu'à ce qu'un tout petit état d'âme, un minuscule regain de conscience vienne gripper la diabolique machine. Plus qu'un véritable roman, Schmitt signe un conte moral aussi dérangeant que divertissant. On y trouve matière à une réflexion profonde et urgente sur le statut de l'œuvre d'art, sur la nature du vivant, sur le pouvoir exorbitant du droit, mais aussi sur le discours absurde d'une société qui a érigé la reconnaissance, la jeunesse et la beauté en valeurs universelles. Désespérément lucide.

    par François Busnel

    (Source: L'Express livres)



    Mon avis:
    Une réflexion sur la beauté, la condition humaine, la vie, la célébrité, le snobisme inculte, et l'homme en lui-même.
    Les personnages semblent être fous ; Comment peut-on considérer un homme comme un objet juste parce qu'un document est signé ? Comment peut-on donner son humanité ? Comment le monde peut-il applaudir le travail d'un fou qui s'amuse à défigurer la chair ?
    Mais derrière ces extravagances de l'auteur, il faut y voir une critique de la société. une société qui prêche la beauté et perd ses valeurs les plus anciennes.
    Notre héros, Tazio, fini par se demander s'il est préférable d'être un objet admiré par tous ou être un homme des plus ordinaires.
    Peut-on y voir une question qui concerne nos "stars"? Sont-elles aussi des œuvres d'art ambulantes qui perdent leur humanité? Qu'elles sont les limites à ne pas franchir?

    Une phrase que j'aime beaucoup dans le livre : "Ce matin, pour la première fois, j'avais l'impression d'avoir mon rôle, moi aussi. Des êtres avaient besoin de moi, des vivants comme des morts. Qu'ai-je d'irremplaçable? Ça. Mes pensées. Mes soucis. Mes attachements. Mes amours".

    Je pense que c'est un livre qui nous fait comprendre que notre vie n'a pas de prix, et qu'il faut s'accepter soit même. Tout le monde peut trouver son bonheur, mais l'homme à tendance à se faire du mal et à se rendre malheureux.
    Parfois, j'ai levé les yeux des mes pages, j'ai regardé autour de moi, le sourire aux lèvres.


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  •                 " Vous seuls pouvez la sauver. 
                        
                            
    Croyez vous aux fées ? 
             
                Si vous voulez qu'elle vive,
                                     
                                       si vous croyez aux fées, 
      

          frappez dans vos mains ! "







     


    (Illustration de Cicely Mary Barker et,
    Appel au public dans une pièce de Peter Pan, par le réalisateur
    de théatre James Matthew Barrie)

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