• Nous voyons des démons là où il n'y a que des Hommes.





    De moa. 

     




    Picasso
     


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  • La Fée des Neiges



    Il était une fois un petit garçon tout ordinaire,
    qui pourtant allait révéler un destin extraordinaire.
    Tout à fait commun on ne pouvait pourtant nier dès son berceau que ses yeux couleur d'argent en troublèrent plus d'un. Son regard gris clair aux reflets brillants fit dire à certains qu'il ne vivrait pas longtemps, à d'autres qu'il trouverait dans les terres du fer et qu'il ferait fortune. Bien ignorant sont les gens ! Et que de bavardage pour ne montrer que de l'ignorance. Mais tout cela fut bien vite oublié, car chacun de son champ devait s'occuper. Et les années passaient sans que l'enfant ne mourut ni trouva de minerai.
    Alors qu'il n'arrivait qu'à sa cinquième année une épidémie lui vola père et mère. N'ayant pas d'autres familles les gens du village se retrouvèrent en charge d'un rejeton dont ils n'avaient que faire, mais qu'ils nourrirent dans leur bonté d'âme. Cette corvée se devait, pour être équitable, d'être partagée à chacun son tour. Le bambin fut donc toléré d'un foyer à l'autre, changeant chaque soir de table et d'étable comme lieu de couchage. Les villageois perdirent sont noms. Et il fut surnommé Dargent en référence à ses yeux couleurs d'argent.
    Mais l'enfant aux si magnifiques et étranges iris n'avait jamais appris à sourire, et pis encore, il n'avait jamais plus parlé. Les villageois crurent qu'il était simple d'esprit, sans comprendre que l'on ne parlait pas si l'on n’était pas écouté.



    Le village était loin de la grande ville, cerné de toutes parts par l'ombre des montagnes menaçantes. Il était déposé sur le versant de l'une d'elle. C'est pourquoi chaque hiver la neige recouvrait le sol et sublimait le paysage d'un manteau blanc. C'était une période difficile, les routes et chemins devenaient impraticables, et le froid rongeait le bois pour pénétrer au coeur même des foyers. Pour le très jeune Dargent, loin des cheminées, cette période se présentait comme mortelle. Pourtant il ne pouvait se résoudre à la craindre ou la détester. On pouvait même affirmer qu'il admirait sa froide beauté. Le petit garçon se trouvait émerveillé pas la pureté de ce blanc étincelant, si surréaliste qu'il ne pouvait que trouver naissance dans un autre monde. Un monde merveilleux.
    Mais le bambin ne disait rien de ses sentiments, et alors que la populace survivait en ne faisant qu'attendre les beaux jours, lui se délectait de ce paysage immaculé. L'air était pur, la ciel bleu pâle, l'eau se figeait et se transformait en javelines s'écoulant des branches.
    Dargent avait une théorie, une théorie d'enfant. Le monde entier était changé le temps de quelques semaines, et tout était étrange, alors il ne pouvait y avoir qu'une explication; la neige était la preuve que deux mondes se chevauchaient. Le monde n'était plus le monde, il était les mondes. Et réalisant toute la folie de ses pensées il se roulait dans la neige en riant. Loin des regards.
    Si les enfants ont bien un pouvoir plus grand que le monde matériel, c'est qu'ils trouvent toujours le bonheur et l'éblouissement, peu importe les grisailles du monde. Et ce petit garçon possédait cette magie bien au delà de toute raison. Mais il la gardait pour lui, lorsqu'il était seul avec la nature, car elle seule lui donnait de la tendresse.
    Les autres enfants n'avaient pas le droit de quitter le village, car la peur de l'inconnu régnait en maitre. Mais personne n'avait peur pour lui, alors il était libre.

    N'avez vous jamais fui l'humanité pour trouver le silence ?
    Et lorsque la neige vient, n'avez vous jamais fermé les yeux en marchant dans la poudreuse pour écouter son petit craquellement unique et profond ?
    N'avez vous jamais laissé votre emprunte sur le nappé innocent avec la honte aux joues et le sourire aux lèvres ?

    Et bien Dargent ne s'en lassait jamais, et pouvait parcourir plusieurs kilomètres en s'émerveillant. Un jour où il était parti loin il découvrit une nouvelle parcelle de la montagne qu'il ne connaissait pas. Il fut très surprit de trouver une haute cascade entièrement gelée, elle était comme luminescente. Curieux il observa. La pierre derrière l'eau glacée était argentée, il avait découvert le plus gros filon d'argent du pays. Mais il ne s'y intéressait pas. Il ne pouvait détacher son regard de la lumière qui se reflétait et donnait à la cascade un aspect fantasmagorique. Il était tant sous le charme qu'il oublia de regarder le soleil et ne vit pas la nuit tombée. Ce fut le froid qui le ramena à la réalité. Un froid mordant. Il constata avec dépit que ce lieu enchanté serait son tombeau et la neige le cercueil d'un enfant qui n'avait vécu qu'à peine la moitié d'une décennie. Lutter n'aurait servit à rien, il n'avait aucune chance, il le savait. Une larme gela sur sa joue.
     

    Mais alors qu'il attendait patiemment la mort, quelque chose le frappa. Une idée, pas un objet ! En effet, le soleil était allé dormir depuis longtemps, alors comment la cascade pouvait t'elle encore être lumineuse ? Jusque là tout pouvait s'expliquer, mais en cet instant, le phénomène était vraiment inexplicable. Il chercha une raison de longues minutes, bien que l'idée de la magie tournait comme une toupie dans ses arrières pensées. Il réfléchit si intensément qu'il ne réalisa que longtemps aprés qu'il n'avait plus froid. Il avait même chaud.
    Une lumière se mit à danser sur les eaux gelées. Rapide, elle flottait et virevoltait sur un léger fond sonore à peine audible. Comme un son de flute lointain que l'on percevait si peu que l'on pouvait se demander si ce n'était pas le fruit de notre imagination. Parfois la petite boule de lumière ralentissait, et le petit garçon apercevait une petite silhouette féminine ailée aux mouvements fluides et ondulants.
    Une fée, ça ne pouvait qu'être une fée !
    On les décrivait souvent dans les contes, et il avait même, une fois, contemplé un dessin. On les disait parfois bienveillantes et parfois farceuses. Mais peu lui importait tant elle était belle. Mais elle disparu. Alors l'enfant se leva et courut à l'endroit où elle se trouvait quelques instants plus tôt. Il la chercha du regard, mais elle n'était plus là. Et alors que le désespoir l'envahissait, elle réapparut, juste devant lui. Elle s'arrêta, pour la première fois.
    Elle était aussi petite qu'une pomme de pin. Des ailes de libellules transparentes vibraient dans son dos. Une longue chevelure blanche dansait dans une brise qui n'existait pas. Et la plus belle des robes de diamant dévoilaient ses formes parfaites. Un petit grelot or et argent pendait à son cou, le bijou expliquait le son qu'il avait perçu. La fée présentait un visage de jeunesse éternelle. De grands yeux bleu pâles se fixèrent sur le petit garçon. Elle semblait... inquiète...
    _ Tu es un enfant perdu ?, demanda t'elle.
    _ Je sais où est le village où j'ai grandit, mais je ne m'y sens pas chez moi, et puis j'en suis trop loin pour y rentrer avant que la mort ne me trouve, répondit le petit garçon.
    La fée lui sourit, et lui promit qu'il resterait vivant, et plus encore. En effet, ils passèrent la nuit à chanter et rire, elle fit briller la neige et fit parler les arbres. Des papillons vinrent caresser le visage de Dargent, et au matin les écureuils et les biches lui firent bonjour. L'enfant n'avait jamais été aussi heureux, et la fée lui confia qu'elle ne s'était jamais autant amusée. Mais vint le moment de retrouver l'humanité, et l'enfant ne put que pleurer même s'il essaya de résister. Alors la fée lui promit de revenir, et en effet, elle revint. Chaque jour. Mais lorsque les premières neiges commencèrent à fondre, elle dut lui expliquer qu'elle était une fée des neiges, et qu'elle partirait avec elle. Malgré tout, chaque année, avec les premiers flocons, elle reviendrait.

     
    Et ce fut vrai, chaque hiver, avec la neige, la petite fée revint, et ils s'amusaient, dansaient, chantaient, rêvaient ! Ensemble il n'y avait plus de frontière. L'hiver était la plus heureuse de toutes les saisons.
    Malheureusement, un hiver, il ne neigea pas. Puis le suivant non plus.
    Dargent ressenti un désespoir profond. Il pleura comme il n'avait jamais pleuré. Et tout sembla devenir triste. La saison était devenue grise et morte, la vie devint difficile rude et lassante. Seul face à ses pensées il chercha à apaiser sa douleur. Il passait du désespoir à la colère. Puis il chercha à se persuader de son indifférence, puis vint le doute. Adolescent il commença à se demander s'il n'avait pas créé un ami imaginaire comme certains petits le faisaient dans le village. Et lorsque trois ans aprés la neige revint, la fée ne revint pas. Alors il devint adulte, et ne crut plus aux contes.
     

    Les années passèrent et il devint un beau et fort jeune homme. Seul il se battit une maison, et seul il survécut. Son calme et sa robustesse inspiraient la confiance et il était bien apprécié des villageois, mais lui ne ressentait que peu d'affection pour ces gens là qui ne l'avaient jamais aimé enfant. Il vécut donc un peu en retrait, toujours prêt à aider si on le lui demandait. Il payait ainsi ce qu'on lui avait si généreusement offert pour qu'il survive jusqu'à ce qu'il subvienne à ses propres besoins. Dargent était un jeune homme ampli de charmes et d'atouts, son regard gris clair décontenançait les gens qui lui parlaient et faisait chavirer les coeurs des jeunes filles, mais tout cela lui échappait. Pâles mais intenses, ses yeux étaient un livre ouvert sur ses émotions et sa personnalité. On y voyait le reflet de la vie, ainsi que son intelligence brillante, mais parfois aussi l'acier tranchant de la colère. On le respectait, tant par sa carrure que par sa droiture en toute circonstance. La fée n'était plus qu'un songe, un souvenir. Il ne restait plus que l'amour brûlant pour un être qui n'avait jamais existé. L'amour d'un être rêvé ne nous trahit jamais.


     Alors qu'il était à sa 25ème année, un froid fulgurant tomba sur les montagnes à la fin de l'été. Peu de gens osaient sortir, et le village se rassembla à l'auberge.
    _ Ce froid n'est pas naturel ! Dirent certains.
    _ Il faut partir ! Dirent d'autres.
    Dargent sentait qu'ils avaient raison. L'air était plus froid qu'il ne l'avait jamais était. Mais le jeune homme se refusait de croire à quoi que ce soit de surnaturel. Alors que le brouhaha montait de la foule il chercha à sortir de ce rassemblement oppressant. Personne n'était prêt de la fenêtre, dont la vitre seule ne suffisait pas à couper du froid. Il s'assit là, et observa.
    L'air autour de lui devint glacé, il frissonna. Ça n'avait rien de naturel. Il regarda dehors. Au loin il vit de gros nuages sous lesquels l'air était remuant et flou. Une tempête de neige se préparait.
    _ L'hiver vient... , murmura t'il. La foule devint silencieuse.
    Il ne fallut pas longtemps pour que le village se vide. Tous partirent à tire-d'aile pour les grottes, sans un regard en arrière. Ils avaient peur, ils ne savaient pas de quoi, mais ils avaient peur. Tous supplièrent Dargent de les suivre, mais il refusa. Quelque chose le retenait ici, il n'aurait su dire quoi. Mais il savait que ce n'était pas le jour où il devait quitter le village, et que son destin avait toujours été dans les montagnes à l'air libre. Il n'était pas fait pour se cacher.
    Alors il resta. Et la neige déferla. Très vite il manqua de nourriture. Chasser le froid était impossible, le feu lui même semblait mourir tant les températures s'écroulaient. Puis enfin le jeune homme comprit quel était son rôle lorsque dehors il entendit un puissant rugissement. Il sortit en courant, claquant la porte. Son regard gris parcourut le ciel d'où venait le bruit. Il ne vit qu'une ombre. Mais il savait de quoi il s'agissait, comme s'il l'avait toujours su. Un dragon.
    Sans réfléchir il prit sa lance et se jeta à la poursuite du monstre. Il gravit bien des obstacles. Mais le dragon était bien trop rapide, tant et si bien que le jeune homme se perdit. Tout était blanc, et il ne distinguait plus le ciel du sol, il ne voyait plus les falaises car il lui était impossible de distinguer les distances. Il était comme dans un rêve blanc. Plusieurs heures d'éternité passèrent, et s'il n'y avait pas eu la neige pour s'abreuver il ne fait aucun doute qu'il serait mort tant son corps souffrait. Il crut sa dernière heure arrivée, lorsqu'il entendit un tintement.
    Son qu'il avait déjà rencontré auparavant mais qu'il refusa de lier à ce qu'il avait vu et perdu de son enfance. Car tout cela n'avait été qu'un rêve...
    Sur une branche il vit de la neige bougée. Non, en réalité ce n'était pas de la neige ! Mais une belette en robe d'hiver. Blanche, elle avançait de façon fluide entre les branchages. Il leva sa lance en espérant faire un mon repas, quand il vit au cou de la fouine un petit grelot or et argent. Il fut réellement troublé. C'était totalement absurde un animal sauvage avec un bijou de cette valeur ! Toujours avec l'intention de se nourrir il la mit de nouveau en joue, mais une petite voix intérieure l'en empêcha. Puis une envie pressante de suivre la petite créature le saisi. Il râla d'incompréhension, et se contenta de suivre l'animal qu'il trouvait de plus en plus élégant dans sa démarche. Et pourtant bien espiègle tant la belette jouait avec ses nerfs en apparaissant et disparaissant à tout va. Cela lui rappela ses jeux d'enfants avec son amie imaginaire. Il se convainquit que tout cela était l'œuvre du malin, que le dragon cherchait probablement à lui manipuler l'esprit par un quelconque sortilège. Mais il ne pouvait s'empêcher de suivre.
     

    Il était là, sur un lac glacé, allongé. Sa robe était d'un blanc encore plus pur que la neige, chose que nous n'aurions jamais pensé possible. Lorsque Dargent se rapprocha, le dragon leva la tête et l'observa. Le jeune homme leva sa lance, ses muscles tendus, faisant monter toute la puissance dont il était capable. Il devenait la lame de la mort.
    Il croisa le regard du monstre. Et y vit son propre regard. Un regard gris argent. Un regard qui n'exprimait aucune méchanceté, aucune violence. Le jeune homme abaissa son arme. Un peu honteux... il avait toujours détesté que les gens du village agissent par peur de l'inconnu, et c'est ce qu'il avait faillit faire. Le dragon n'était pas mauvais, il était juste perdu comprit t'il. Touché par un langage silencieux qui raisonnait de toute sa puissance. Il observa la créature mythologique, magnifique et tranquille comme un bloc de glace sculpté.
    Et alors une idée lui vint. Si le dragon existait, qu'il était bien en face de lui -ho ! Créature de la mythologie par excellence !- alors la fée elle aussi devait être réelle. Et enfin il la vit, elle apparut à l'instant où il crut en elle, juste à coté de lui. Elle lui sourit
    _ Tu ne croyais plus en moi, alors tu ne pouvais plus me voir. » Son regard mêlait tristesse et joie, tout à la fois. Des années avaient étés perdues par le désespoir égaré du jeune homme, cette peur l'avait empêché de la retrouver.



    La fée les emmena là où tous aurait dut être. Là où les deux mondes convergeaient. Clairière surnaturelle protégée de remparts de branches entrelacées et de glace. Tout y était magnifique. C'était le monde de l'hiver, et tout y était blanc, mais des fleurs cristallines et des papillons bleutés dévoilaient de nouvelles formes de vie dans une saison que l'on croyait morte. Et le froid n'était plus froid. De nombreux êtres de contes et merveilles vinrent les accueillir en sortant du bois dormant. Le dragon immense, étrangement, semblait parfaitement à la bonne taille. Et les fées ne semblaient plus petites.
    Il réalisa qu'il s'était trompé, ce n'était pas de l'amitié qu'il partageait avec sa petite fée, mais un amour profond qui les liait depuis toujours. Et son destin à lui, était bien plus grand que celui d'un simple mortel. Ils se tinrent la main, le plus naturellement du monde. Leur amour était aussi pur que la neige immaculée.
    Et alors que les montagnes perdaient leur froid surnaturel qui avait accompagné le dragon égarée, le monde enchanté lui festoyait de retrouver leur ami et un nouvel ami. Des mets de toutes saisons paradaient sur une grande table glacée, et Dargent, affamé depuis des jours ! mordit dans une belle pomme rouge, plus délicieuse encore que celles qu'il avait goutées jusque là. Il en fut tout étonné et en fit grand cas. Tous riairent de bon coeur, et le repas fut fort bon.

     

     

    Morales de l'histoire :

    A chaque saison comme à chaque chose, il y a une part de félicité.
    Il suffit de relativiser, de sourire et de savourer.
    A chaque être comme à chaque monstre, il y a une part de bonté.
    Il suffit de regarder et de ne pas trop vite juger.

     

    (de moa)


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  • "Il était une fois une belle enfant qui aimait cueillir les fruits et voler les papillons. 
    On la nommait Petit Chaperon Rouge pour chanter son bonheur atypique.
    Un jour qu'elle rêvait le coeur léger dans la forêt, elle fit la rencontre d'un être inoubliable.
    Charmant, magnifique et majestueux, il se montra doux et envoûtant.
    Elle le retrouva souvent dans les bois, et elle lui donna ses plus intimes secrets.
    Jamais elle ne vit une once de méchanceté en lui, car lui même se pensait bon.
    Mais un jour... la bête se réveilla et la dévora."




    Je profites de cet article pour présenter ici pour la première fois Abel, mon protecteur, mon loup, mon ami.

    Ma version du petit Chaperon Rouge... 


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  • Je compte mes jours comme les goutes de pluie tandis que les mots ne reflètent que mes maux dans un silence qui perdure. J'ai beau tonner, siffler, faire trembler le sol, seul la lourdeur du mutisme me répond. Et je m'amaigrie jour aprés jour alors que mon courage gronde pour s'épuiser inutilement contre la banquise. Neige glacée de mes espérances, de mes amours perdus, de ma jeunesse et de mes rêves, ta tranquillité dangereuse a attiré ma folie. Mes pas se sont dessinés en empreintes sur ton voile immaculé. Et j'ai glissé, tellement glissé, dans un jeu de pure innocence et n'y voyant que le bonheur d'un ciel bleu et d'un océan blanc qui me semblait cacher des milliers de secrets. Mon coeur était si chaud que je n'ai pas senti le froid. Et maintenant que tout mon être cri de douleur, mordu par le vent glacial, il est trop tard pour me sauver.

    Elle est si étincelante.
    La neige.
    Je cherche à me donner un visage d'ange.
    Émerveillée par tant de beauté.
    Mon coeur bat dans un ultime effort désespéré.

    Je me meurs.
    Mais c'est si beau !

     

     

    (de moa)


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  •  Un petit texte que j'ai écrit pour Halloween.

     

     

     

     

    Je me nomme Allan, je vécu longtemps à Enéolis, la plus grande cité qu'il m'ai été donné de voir de mon vivant. Mais à l'age de 7ans mon père a prit le parti de déménager pour des histoires de commerce en rapport avec son travail que je n'ai jamais cherché à comprendre précisément.
    Nous nous installâmes dans une ville plus petite mais avec environs cinquante mille habitants il me semble. C'était un nouveau carrefour à exploiter d'après mon paternel, une nouvelle cité venait de naitre de l'autre coté des montagnes, et nous nous trouvions devant le seul chemin fréquentable qui permettait les échanges.
    Nous étions au pied des montagnes alors que de l'autre coté un marécage peut sympathique faisait froid dans le dos, beaucoup de rumeur courait à son sujet et il était interdit de nous y rendre.
    Le chemin unique, comme une fine route, était la mine au merveille, et c'est vrai que notre famille y fit fortune, mais l'argent est parfois gagné en échange de grands tourments.

    Les montagnes gigantesques plongeaient cette nouvelle ville, Cibaline, dans l'ombre jusqu'à la moitié de l'aprés midi, puis le soir, très tôt c'était les nuages du volcan plus loin à l'Est, qui étouffait l'astre chaud.
    Il y faisait toujours humide et froid, les neiges fondues des sommets descendaient les flancs de montagne pour rejoindre le marécage boueux. Les hivers on y mourrait de froid et de soif, la glace était si dure, que nous ne pouvions ni la casser ni le faire fondre dehors. Mais en réalité ce ne fut rien comparé à l'obscurité qui tomba sur cette ville et sur mon âme.
    A mes 9ans un ogre vint prendre maison non loin, et de nombreux enfants furent dévorer, il nous fut interdit de sortir pendant plusieurs mois. C'est ainsi que commença la chute de Cibaline.
    C'est à partir de ce moment qu'ils commencèrent. Les rires et les sanglots.
    Ils raisonnaient dans toute la ville, inlassablement. Ils venaient de partout et de nulle part à la fois.
    Les rires et les sanglots.
    Personne n'aurait sut dire quels étaient les plus macabres.
    Plus personne dans la ville n'arrivaient à dormir, tout devint plus lent, les gens devinrent les ombres d'eux même comme la montagne nous obscurcissait notre sol.
    Puis, vinrent les rats, et avec les rats, la mort noire. Avec la peste, ce fut les cadavres, la pourriture, la mort, l'odeur. Et la peur. Il faisait froid, tellement froid. Les rues étaient vides, tout était gris sous ce soleil qui n'apparaissait jamais. Les nuages gris de l'hiver cachaient le bleu du ciel. Et les montagnes comme le volcan rendaient nos journées plus sombres que la nuit, comme maudite par la lumière rouge du feu volcanique au loin.
    Mon père qui était devenu riche refusait de partir, en voulant toujours plus.
    Ma mère tomba malade, et mourut. Mon dernier souvenir d'elle... étendu sur son lit puant, la chair à vif. Personne n'avait le droit de rentrer dans la pièce, et elle n'eut pas droit à un enterrement descend. On fit bruler toute la pièce et la maison.

    Toute les nuits, le rire dément raisonnait comme un glas. 
    Il refusait de laisser les morts en paix brisant le silence froid de nos cœurs et de nos âmes.
    Les pleurs, faisaient éclater en sanglots les plus faibles, et rendaient fous les plus forts.
    Nous ne pouvions jamais nous reposer, car le cri de la déesse folle nous rappelait toutes nos souffrances.
    La ville était à moitié déserté, entre ceux qui étaient partis, et ceux qui étaient morts.
    Mon père restait enfermé dans son bureau, il passait son temps à compter, deux longues poches grises tranchaient son visage en trois, ses yeux s'étaient enfoncés dans son crane et ses cheveux gris tombaient grassement sur ses épaules.
    La vie n'était plus.

    Il n'y avait que ce rire.
    Ce rire que j'écoutais à longueur de temps.
    Je ne faisais plus rien d'autre que l'écouter.
    Il raisonnaient dans les rues glacées et dans mon cœur mort.
    Je passais mon temps à l'écouter, comme une chanson qui représentait les seules choses que je connaissais ici bas.
    L'ennui et la tristesse.
    Pourtant, je ne sais à partir de quand, ni comment.
    Ce rire me sembla doucement la seule source de vie dans ce monde gris et sans âme.
    Les années étaient passées, et j'avais le sentiment d'être mort des centaines de fois.
    Mon corps étaient devenu celui d'un homme, alors que mon esprit était resté dans la même tourmente silencieuse.

    Les poissons vinrent à manquer, ils pourrissaient de l'intérieur. L'été les moustiques porteurs de cette nouvelle maladie nous empêchaient de sortir.
    Des guerres nous frolèrent, mais aucune ne prit la peine d'aller dans Cibaline la fantome nous libérer de notre prison. Elles nous avaient juste encore plus isolée en brulant les villages alentours.
    Parfois, lorsque je regardais pas la fenêtre ces rues sans saveurs et sans vie, je les imaginais en flamme. Que le spectacle aurait été beau... des couleurs, de la chaleur. Les gens pourraient sortir, ils crieraient et marcheraient. Il y aurait de la vie, même un court laps de temps avant d'être engloutie, mais si Cibaline étaient en feu elle vivrait.

    Et le rire raisonnait. Il était devenu mon seul compagnon.
    Ce rire doucement féminin, ces pleurs inhumains mais pourtant encore la seule chose qui nous rapprochait de notre condition car en ce temps là, nous ne pouvions plus rien ressentir.
    Les pleurs et les rires s'étaient atténués. Les visages étaient livides. Il n'y avait plus aucun désir, plus aucune croyance, plus rien.
    Mon père avait oublié l'argent, les yeux hagards, il ne faisait que regretter sa femme et sa décision passé de rester en ce lieu maudit, pourtant il n'avait plus la force de fuir, le regard dans le vide devant la cheminée éteinte.

    « Doux rire effrayant, es-tu l'ange de ma mort ? Vient me chercher, tu es cruel de me faire tant languir.
    Je t'attends !
    Ne pleure pas trop, ton rire est si beau. Venu des profondeurs de la terre il est l'âme joyeuse de cette abomination terrestre.
    Doux rire, je t'aime tant.
    Je n'ai que toi en ce monde, tu me berces. 
    Et je t'attends. »

    Je l'attendais, j'attendais ma libération, mon amour, la mort.
    Puis une nuit un changement me réveilla.
    Mes rires et mes pleurs étaient différents, venaient ils enfin me chercher ?
    Fou de joie je me levai pour enfiler un peignoir.
    Les pieds nus j'avançais dans le froid glacial de l'hiver, mais la mort qui allait m'emporter j'en étais sur, repousserait cette douleur. 
    J'avançais à sa rencontre, je ne voulais plus attendre.
    Le rire raisonnait. Plus proche que jamais pourtant. Je l'entendais. Il n'était plus partout, il était vers la grande place.
    J'avançais, je rampais sur la glace. Les yeux grands ouverts et la bave au menton.
    La mort, les rires, mes pleurs.
    J'arrivais enfin, elle était toute proche. Juste là. Pas loin. Je l'entendais comme si elle était à coté de moi, elle allait bientôt me saisir et me libérer.
    Mon ouïe me mena jusqu'à l'ancien puits. Bouché par d'épaisse planches de chêne je me rappelais lorsque enfant on l'avait bouché car il ne donnait plus d'eau, c'était peu de temps après le passage de l'ogre.
    Le rire venait d'en dessous. Et c'est sans même réfléchir que je pris une pioche et que je passai la moitié de la nuit à arracher une de ces planches. Je voulais mourir, et rien ne m'en empêcherais.

    La fermeture du puits fut éclaté. Je tombais à genoux, l'attendant.
    Enfin, ma récompense. Ma douce mort.
    Des doigts écorchés surgirent s'accrochant sur le bord de pierre froide.
    Mon cœur s'excita. Bientôt.
    Les ongles étaient presque arrachés, certains rentraient sous la peau rouge de sang.
    La mort était là.
    Puis une autre main vint se joindre à l'autre, puis des cheveux blond et un corps nu apparurent à sa suite.
    Je ne puis exprimer ce qui se passa alors en moi.
    La mort m'excita d'une nouvelle façon que je ne connaissais pas.
    Plus belle que les statue de déesse, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait bien de celle que j'attendais, plus belle et plus douce que la vie. Ses grands yeux innocents me fixaient tandis que le sang semblait la baigner comme une auréole macabre qui faisait contraste à la glace blanche qui faisait le monde des vivants.
    Pourtant... ce visage ne m'était pas inconnu... Nous restâmes longtemps là, à nous regarder. Sans que je ne puis faire preuve d'intelligence, le cerveau gelé par ma propre folie.

    Et alors que j'attendais là mort, je reconnus se visage.
    Celui d'une enfant qui avait disparut et qui était passé pour la victime du monstre des années plus tôt.
    Avant que le puits ne soit refermé, ce même puits qui était relié à l'ancien système d'eau de la ville par un nombre incalculable de petits tuyaux qui parcourait toute la ville le traversant en de nombreuses minuscules ouvertures auxquelles on ne faisait plus attention. L'eau du puits et la vie qu'il avaient engendré, avaient-ils suffi à faire survivre une enfant ? Qui d'après mes souvenirs ne savaient pas parler...

    Jamais je n'eus ressentit une telle horreur, une telle révolte déchirait par une réalité trop immonde pour que je n'arrive à l'accepter.
    Je n'osais prononcer cette réalité en parole ou en mot, l'horreur d'une telle découverte sembla m'écraser. Mes poumons refusèrent l'oxygène.
    Et lorsque pour la première fois de mon existence je ressentis quelque chose, mon cœur fut traversé d'une douleur intense qui me fit sourire dans un élan de folie et dans un espoir d'appel à l'aide. Pourtant, rien n'aurait su me sauver.

    Je la regardai... ma Cibaline.

     


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