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                    Amano

     

    Il presse son corps fragile contre lui, contour chaud qui l'encercle et le retient.
    Petit chat au sommeil délicat, il n'ose s'égarer dans un mouvement.
    Et pour la bercer il frôle ses cheveux dorés sur un fond de musique murmurée.
    Le visage de l'endormie est éclairé d'un sourire charmé, miroir des plus tendres délices.
    Cette tendresse innocente offerte, cette confiance aveugle, le blesse.
    De peur que cette pureté ne le brûle, il ferme les yeux, proie au plus grand désespoir.
    Si la candeur est belle, la tromperie n'en est que plus laide.
    Cette fable qu'il lui a inventer n'est pas d'un fil doré mais n'en a que l'apparence.
    La sincérité se lit dans les larmes versées.
    Le miroir de chaque matin lui est cruel, et ne renvoi l'image que de celui dont il ne peut plus se défaire.
    Tendresse est là, mais Amour n'apparaît pas.
    Et chaque jour, le mensonge se file pour créer un monde imaginaire.
    La vérité est déjà bien belle, mais trop d'ornement l'a rendu infidèle.
    Alors qu'elle est aveugle, il ferme les yeux pour se plaire.
    Ainsi les amoureux le sont, et chacun s'émerveille de leurs plus beaux habits.
    Et alors que je les regarde attendrit et apeurait, je réfléchis au sens du mot " Bonheur ".

     

     

    De moi


     


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            Création de Jean Jansem

     

       Tristesses de la lune

    Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
    Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
    Qui d'une main distraite et légère caresse
    Avant de s'endormir le contour de ses seins,

    Sur le dos satiné des molles avalanches,
    Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
    Et promène ses yeux sur les visions blanches
    Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

    Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
    Elle laisse filer une larme furtive,
    Un poète pieux, ennemi du sommeil,

    Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
    Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
    Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

            Charles Baudelaire


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    Tu glisses un ruban de soie entre mes lèvres dans l'ivresse de nos délices.
    Je me laisse glisser sous tes caresses et m'offre à ta tendresse.
    Je me plaie entre tes anches et sombre dans mon semi sommeil.
    Je ne voie plus rien, je discerne les contours seulement.
    Les ombres s'aventurent dans la fente de mes yeux.
    Je m'égare dans mon désir.
    J'en oublis le carcan qui m'emprisonne la bouche.
    Les mots ne coulent plus, ne se dévoilent plus.
    J'essaye de m'exprimer,
    Je ne fais que balbutier.
    J'étouffe, mais je m'entête à fermer davantage les yeux,
    Noir,
    Je préfère ne pas m'en soucier.
    Je m'éloigne, m'efface, m'évanouie.
    Tu me rends aveugle, tu me rends muette.

                        

     


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    Illustration d'Amano Yoshitaka

    Ecrit le 23 février 2007

     

     

     


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  • L'album parfum de Bohème

     

                                      

                                              

                                               

     


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